Comment les séparations conjugales creusent les inégalités
Publié par Mondes Sociaux, le 10 novembre 2020 900
article par Emma Robin
Que se passe-t-il quand des situations familiales plus ou moins inégalitaires sont traitées par l’institution judiciaire ? Quels arrangements financiers et quels modèles de famille en ressortent ? Quel est le rôle des professionnel·les du droit dans ce processus ? Autant de questions auxquelles la sociologue Émilie Biland répond en comparant la France et le Québec dans un ouvrage récent qui met en évidence le rôle de la puissance publique dans la reproduction des inégalités.
A travers la question du rôle de l’Etat dans les séparations conjugales, l’autrice examine la tension entre la libéralisation des ruptures et le maintien d’un rôle normatif de la puissance publique auprès des personnes séparées. Ces constats s’appuient sur une enquête menée pendant plusieurs années, au moyen d’observations des audiences et des rendez-vous entre avocat·es et client·es, de l’analyse de dossiers judiciaires, ainsi que d’entretiens auprès de juges et d’avocat·es. Conduites en France au sein du Collectif Onze, ces recherches collectives ont ensuite été déployées au Québec. L’analyse d’Émilie Biland articule trois dimensions des séparations conjugales : l’accès aux procédures, les interactions avec les professionnel·les du droit, et les modes de vie des familles.