YouTube, un outil culturel : retour sur l'apéro des Brasseurs de sciences #11
Publié par Audrey Bardon, le 6 mars 2019 1.8k
C'est sous la jolie cave voûtée du bar toulousain le Salmanazar que nous nous réunissions le 27 novembre 2018 pour parler d'un outil de médiation actuellement très fantasmé : YouTube !
Les discussions portaient sur la création de vidéos culturelles et l'utilisation de YouTube pour la médiation, la vulgarisation, l'éducation... avec Manon Bril, créatrice de la chaine C'est une autre Histoire, Karim Sab, Doctorant en Anthropologie Sociale et Historique au LISST-CAS (Université de Toulouse Jean-Jaurès), dont les recherches portent sur "La vulgarisation des savoirs scientifiques sur les plateformes de vidéos en ligne", Adrien Solacroup, animateur de la chaine Ludoïkos, et Pleen le Jeune, créateur de la chaîne EduKey.
Voici un résumé des échanges de la soirée :
Au tout départ…
Au tout départ, il y a l'envie de partager du contenu. Une envie qui doit rester modeste, commencer par l'essai-erreur, évoluer en fonction des retours des premiers spectateurs (souvent le cercle de proches).
Il est parfois difficile de bien cibler son public de départ. On pense viser large, pour finir par se rendre compte qu'on va toucher un public très spécifique de passionnés ou professionnels.
Cependant, l’utilisation du média YouTube permet de toucher des publics auxquels les professionnels de la médiation scientifique n’ont pas forcément accès. Les vidéastes scientifiques mènent donc un travail tout à fait complémentaire aux autres professionnels de la CSTI.
Concernant l’aspect financier, pour commencer, il ne vous suffit que d’une caméra, d'un logiciel de montage et d’un peu de temps en fonction de vos compétences pour vous balader sur internet et vous former sur le tas. Pour la professionnalisation, il vous faudra des techniques et de moyens plus importants (ce sont des vrais métiers : cadreur, monteur vidéo…).
Le fond et la légitimité
Sur le fond, la question a été beaucoup soulevée de l’imposture ou de la légitimité du Youtubeur. Faut-il se concentrer uniquement sur des sujets maîtrisés (où l’on se sent légitime) ou ouvrir son périmètre ? La réponse est qu’il ne faut pas hésiter à solliciter l’avis de personnes, elles, spécialisées. Le Café des sciences, autre autres, a ainsi initié des groupes thématiques de relecture par des experts. Autre idée : laisser dans la vidéo la possibilité au public de donner leur avis ou leur complément d’information en commentaire. Voire, parfois, faire une vidéo “erratum” ou une vidéo d’explication complémentaire.
La forme avant tout
Mais les intervenants insistent : c'est la forme qui prédomine ! Il faut chiader la forme, le rythme et le son ; c'est finalement cela qui va captiver ou faire fuir. "Come for the title, stay for the science" rappelle Manon Bril.
Beaucoup de vidéastes jouent beaucoup sur les codes de leur génération.
Sur ce qui attire sur Youtube : les titres dit “putaclic”. Malheureusement oui, cela marche. Car le référencement de Youtube fait que ces vidéos sont souvent proposées en premier.
Selon les intervenants, les 4 points cruciaux d'une bonne chaîne vidéo : 1) la forme et l'identité 2) le rythme (montage, débit de parole, fond musical) 3) la qualité sonore 4) la transparence (ne pas en faire trop, qui on est suffit bien amplement).
Vers un regroupement des chaines culturelles
Quelques ressources ont été évoquées : les membres du Café des sciences, cette liste de chaînes du Ministère de la culture, ou encore cette étude sur les vidéastes scientifiques.
Autre question abordée : Youtube va-t-il vers un "Youtube éducation” qui regrouperait l’ensemble des chaînes à but éducatif/de vulgarisation ? On remarque d'ailleurs que de plus en plus d'enseignants utilisent les vidéos en cours.
Les échanges ont été suivis des pitchs de projets :
Tania Louis a présenté le projet de vidéos scientifiques à destination des enseignants : Billes de sciences
Planète sciences a évoqué le lancement de son "MédiaLab" : un studio pour filmer les réalisations au sein de leur Fab Lab le F@briquet.