Vers une approche innovante de dépistage de la tuberculose infantile au Cameroun
Publié par IRD Occitanie, le 22 mars 2024 420
Le projet INTEGRES-TB, porté par Maryline Bonnet, directrice de recherche à l’IRD et médecin épidémiologiste (UMR TransVIHMI), vise à accroître le dépistage et le traitement de la tuberculose chez les enfants de moins de 5 ans. INTEGRES-TB est financé par Initiative Expertise France, dans le cadre de l’appel à projet « Renforcement des Systèmes de Santé (RSS) à tous les échelons : du communautaire au national ».
Selon l'OMS, seulement 42% des cas estimés de tuberculose en 2022 ont été notifiés à l'OMS par les programmes de lutte contre la tuberculose en raison d'un sous diagnostic important.
Quels sont les enjeux de ce projet ?
Ce projet cible 200 000 enfants dans 4 districts de la région nord du Cameroun, intégrant le dépistage de la tuberculose dans une intervention communautaire existante centrée sur le paludisme, campagne de chimio-prévention saisonnière (CPS) du paludisme. Menée par les mêmes agents, cette approche vise à identifier les enfants de moins de 5 ans présentant des symptômes évocateurs de la tuberculose et à les orienter vers les centres de santé pour un diagnostic approfondi, augmentant ainsi le nombre d'enfants traités. L'initiative répond à un besoin crucial de renforcement des capacités de dépistage et de diagnostic pour détecter et traiter la tuberculose chez les enfants de moins de cinq ans, particulièrement vulnérables. Le projet s'appuie sur une intervention existante qui consiste à demander aux agents de santé communautaires en charge de la CPS de rajouter un questionnaire sur les symptômes de la tuberculose et évite la complexité de développer une intervention communautaire additionnelle.
Qui sont les partenaires et comment construisez-vous avec eux ?
L'IRD porte le projet en collaboration avec trois partenaires majeurs : le programme national de lutte contre la tuberculose, le programme national de lutte contre le paludisme, et le Centre mère et enfant de La Fondation Chantal Biya au Cameroun. Répondant à l'appel d'offres « Renforcement des systèmes de santé », ce projet pilote comportera une évaluation de l'impact, l'acceptabilité et la faisabilité d'une nouvelle intervention de santé. La co-construction a été favorisée par un comité de projet actif impliquant chaque partenaire avant la soumission. L'approche prévoit une mise en œuvre à grande échelle, soulignant l'importance de l'implication directe des programmes concernés pour assurer le succès à long terme.
Sur quelles connaissances antérieures votre équipe s'appuie-t-elle ?
Ce projet s'appuie sur deux projets antérieurs de l'équipe. Le premier, « CONTACT », financé par Unitaid, a évalué une intervention communautaire pour dépister la tuberculose chez les enfants vivant avec des patients diagnostiqués, au Cameroun et en Ouganda. Le second, « TB-Speed », financé par Unitaid et Expertise France, visait à améliorer le diagnostic de la tuberculose de l’enfant, avec un volet de décentralisation du diagnostic vers les centres de santé périphériques et de développement d’algorithmes diagnostiques pour les groupes vulnérables. Ces expériences au Cameroun, en collaboration avec la Fondation Chantal Biya et le programme national de lutte contre la tuberculose, fournissent une base solide pour ce nouveau projet.
Quels sont les résultats attendus ?
Les résultats attendus comprennent l'augmentation du nombre d’enfants diagnostiqués pour la tuberculose via le dépistage dans la communauté et le renforcement des capacités diagnostiques au sein des centres de santé. Une étude de recherche opérationnelle examinera la faisabilité de l'intégration du dépistage de la tuberculose dans la CPS sans surcharger les agents communautaires ni affecter la couverture de la CPS, son acceptabilité par les prestataires de soin, les familles des enfants, la communauté et les décideurs politiques, et évaluera l’impact en terme de détection de la tuberculose chez les enfants. Selon les résultats du projet, les décideurs politiques pourront proposer avec le financement par le Fonds mondial, le déploiement à une plus grande échelle de l’intervention, servant ainsi de modèle pour d'autres pays de la région du Sahel.
En quoi votre recherche répond-elle à la science de la durabilité ?
Le projet adopte une approche de recherche-action impliquant des chercheurs, des décideurs politiques et des partenaires nationaux de mise en œuvre. Les ateliers participatifs intègrent les parents des enfants qui vont bénéficier de l’intervention et les membres de la communauté, optimisant l’acceptabilité et la pérennité de l’intervention proposée. Le projet aura une phase pilote avec une évaluation de la faisabilité et de l'acceptabilité de l’intervention proposée suivi d’un ajustement de cette intervention en concertation avec les décideurs politiques et les membres de la communauté avant l’élargissement de l’intervention. La durabilité est renforcée en intégrant l'intervention de dépistage dans une intervention communautaire déjà établie de chimio-prévention du paludisme. La mise en œuvre du projet par les partenaires décisionnels locaux assure la durabilité, l’IRD se concentrant sur le volet d'évaluation de l’intervention. Ce modèle, s'il réussit, offre un gain de durabilité en s'alignant sur des pratiques existantes.
Contact science : Maryline Bonnet, IRD, TransVIHMI MARYLINE.BONNET@IRD.FR
Contacts communication : Baptiste Pellegrinetti, Julie Sansoulet COMMUNICATION.OCCITANIE@IRD.FR
Source : https://www.ird.fr/vers-une-ap...