Un printemps pour poètes et musiciens au pays des maths
Publié par Claire Adélaïde Montiel, le 17 mars 2024 580
Comme chacun le sait désormais, lors de son ouverture prévue en juillet 2024, le musée Fermat évoquera le génial mathématicien qui naquit à Beaumont mais ce que l’on sait moins, c’est que Pierre de Fermat fut aussi un homme de lettres tout à fait remarquable.
Certes il n’a pas laissé, comme ses contemporains amis et parfois rivaux, René Descartes et Blaise Pascal, une œuvre littéraire ou philosophique, mais il était connu et admiré par ses pairs pour sa connaissance du latin et du grec qui lui permirent de corriger nombre de contresens présents dans les traductions de son époque.
Dans la lignée de son œuvre, l’association Fermat Science s’efforce de partager avec un public pas forcément savant des notions parfois considérées par certains comme comme difficiles et par d’autres parfaitement absconses. Garder intacte, grâce à diverses manifestations, l’insatiable curiosité et l’enthousiasme qui furent ceux du maître des lieux, c’est faire la preuve, si besoin en était, que les mathématiques sont partout.
C’est ainsi que, avant l’ouverture du Musée Fermat, en ce mois de mars 2024 où se déroule le printemps des poètes, Véronique Sauzède, en invitant deux artistes à venir se produire pour l’Espace de vie Sociale de Fermat Science dans la patrie du mathématicien Pierre de Fermat, a fait la démonstration que musique, poésie et mathématique ont partie liée.
Pour la musique, Bertrand Lavaud-Bach, pianiste et compositeur, professeur au conservatoire de Montauban, qui était responsable de la partie musicale, n’a pas choisi la facilité. Les Beaumontois présents le connaissaient déjà pour s’être régalés, voici deux ans, lors de la représentation sous la halle de Beaumont de la création acoustique et électronique du trio Al Dabaran dont il fait partie qui évoquait notre planète sous le titre Earth picture.
Pendant le récital du 19 mars, ce musicien éclectique qui se dit amoureux tout à la fois de Daniel Barenboim et Chucho Valdés, de J.S. Bach et Danny Elfman, s’est attaché à montrer en quoi les maths ont influencé les compositeurs. Dans un premier temps, la grande figure de Pythagore s’est évidemment imposée puis les interventions, brèves et dynamiques de Bertrand Lavaud-Bach, lui ont permis de situer dans l’histoire de la musique les œuvres interprétées et d’évoquer pour un public ravi, des notions aussi peu évidentes pour des non musiciens que le contrepoint avec Bach et les variations Goldberg, ou le dodécaphonisme avec Shoenberg. Tout ceci sans jamais faire obstacle à l’émotion ni au plaisir suscités par l’écoute de belles pièces jouées avec talent.
Quant à la partie poétique, elle était assurée par François Henri Soulié, le comédien et metteur en scène bien connu, scénariste et dramaturge, auteur de plusieurs pièces de théâtre et de romans policiers historiques dont certains, écrits en collaboration avec Thierry Bourcy se déroulent au XVIIe siècle..
Pour ce récital, son choix s’est porté sur une série de textes bien dans la veine des récréations mathématiques qui existaient déjà au temps de Pierre de Fermat tels les Problèmes plaisants et délectables de Bachet de Méziriac.
De Charles Perrault ou Boileau à Cavanna et Gainsbourg, en passant par Raymond Devos, Jean Tardieu et Robert Desnos, sa parole virevoltante a entraîné le public dans un voyage au pays des nombres. Son choix de poèmes alliant l’humour au non-sens à la manière de Lewis Caroll a offert au public présent l’occasion de dire éventuellement non aux mathématiques avec Prévert ou bien de compter en s’amusant avec Jean Vuaillat, ou encore de réfléchir au sens des mots avec Raymond Devos.
Un récital riche de plaisir qui démontre que l’on peut partager des notions dont on ne comprend pas tout grâce à l’émotion créée par des artistes talentueux.
Une belle manifestation où l’équipe de Fermat Science voit les prémices de rencontres à venir dans le Musée Fermat autour des thèmes tels que maths et musique mais aussi maths et littérature, maths et patrimoine qui offrent des clefs pour accéder au savoir.
Affaire à suivre donc.