Portrait d'un mathémagicien

Publié par Claire Adélaïde Montiel, le 31 octobre 2018   2.1k

Voilà 40 ans que Dominique Souder se dit persuadé que la pratique des tours de magie mathématique peut être un puissant outil au service de l’enseignement des maths. Chaque année lors de la fête de la science, il vient à la Maison Fermat enchanter petits et grands avec ses tours.

Mais au fait, qu'est-ce que la mathémagie ? Si l'on en croit Dominique Souder, c'est l'art, à partir de quelques outils simples présents dans toutes les maisons (jeu de cartes, papier, ciseaux...) et d'un petit matériel parfois fabriqué par le mathémagicien lui-même, de piquer la curiosité du public et, ce faisant, d'amener petits et grands à acquérir, sans même s'en apercevoir, des notions qui dans d'autres circonstances auraient pu paraître compliquées.

Un mètre de couturière et quelques trombones permettent une approche des suites arithmétiques ; une banale feuille de papier et une légende antique ouvrent sur la différence entre l'aire et le périmètre ; des pions bicolores et c'est l'équation linéaire à deux inconnues qui cesse d'être abstraite pour devenir objet de manipulation ;  un simple jeu de cartes et les carrés magiques prennent vie ; quelques billets de banque tirés d'un portefeuille et voilà que se profile le codage. Parfois l'objet est même inutile : pas besoin du calendrier d'une certaine année pour notre mathémagicien qui est capable de prédire le jour de la semaine correspondant à n'importe quelle date.

Le plus extraordinaire, c'est que contrairement aux magiciens de profession, Dominique Souder,  après avoir enchanté son public, dévoile ses trucs et apprend à ceux qui veulent le suivre dans sa démarche comment devenir, à leur tour, mathémagiciens : "Nul besoin pour cela", affirme-t-il à qui veut l'entendre, "d'une formation  poussée. Un peu de curiosité et de bon sens feront l'affaire". Quant à la dextérité dont font preuve généralement les magiciens, elle n'est pas davantage nécessaire. Aucun de ses tours ne repose sur une boîte à double fond ou sur une capacité à faire surgir de ses manches un objet qui y aurait été caché. En revanche, si on veut suivre ses traces, il faut savoir se concentrer et développer sa capacité de raisonnement car la magie mathématique suppose une belle dose de curiosité scientifique, une souplesse d'esprit, une capacité à l'autonomie et surtout pas mal d'imagination.

Dominique Souder n'en manque pas. Fort de sa volonté de faire bouger les lignes, il n'a jamais cessé de chercher de nouveaux moyens de transmettre les mathématiques au moyen  de défis et d'activités ludiques de toutes sortes  Avec la Fédération Française de Jeux Mathématiques, il participe chaque année à l'organisation d'un championnat international. Il a, durant de nombreuses années, été rédacteur en chef adjoint de la très regrettée revue Hypercube destinée aux collégiens et pendant 30 ans, a animé des clubs de jeux mathématiques en milieu scolaire. Il donne des conférences-spectacles, tient des stands pour des fêtes des maths, anime des ateliers dans des centres scientifiques, des médiathèques, des établissements scolaires pour des publics de tous les âges, Il écrit des livres sur la magie mathématique, du cours moyen jusqu'au Bac, que publient les éditions Ellipses, Belin, Dunod, SOS Education, et, pour faire bonne mesure, il forme des professeurs ou des médiateurs un peu partout en France et dans divers pays. Enfin, comme il ne manque ni de projets ni d'imagination, il rêve de créer, à destination des professeurs, des DVD recensant les tours de magie en lien avec les programmes scolaires des différents niveaux, et de courtes émissions de télé, sur... devinez quoi ? Sur la magie mathématique, bien évidemment.

Pour en savoir un peu plus sur lui : dominique,souder@gmail,com