Parcourir l'histoire des maths en un coup d'oeil

Publié par Claire Adélaïde Montiel, le 23 mai 2024   830

Depuis que Joseph Priestley, physicien reconnu, grande figure du XVIIIe siècle passionné d’éducation a inventé et vulgarisé la frise chronologique, on ne se pose plus la question de l’utilité de pareil outil qui permet de recenser des évènements pour une matière donnée, de les distribuer dans des périodes et de faire ressortir les corrélations qui les lient entre eux.

 

Dès 2012 l’association Fermat Science, fidèle à sa mission consistant à imaginer un maximum d’outils pour diffuser les mathématiques d’une manière attractive, a créé une frise des mathématiciens couvrant une large période, de l’Antiquité à l’époque moderne. Une initiative qui a été plébiscitée par le corps enseignant.

A l’approche de l’ouverture du musée Fermat Le succès aidant, est venu le moment de rééditer cette fameuse frise. Dès lors, il n’a pas été possible pour la petite équipe en charge du dossier d’éluder l’inévitable question qui intervient à chaque réédition d’une œuvre quelle que soit sa forme : fallait-il reprendre la frise en l’état ? Ou réfléchir à une meilleure adéquation de l’outil avec le but que l’on s’était fixé ? C’est la deuxième option qui l’a emporté et dès lors a commencé l’inévitable foire aux questions.

 
Réfléchir à une nouvelle version

Ils ont été trois à échanger sur le sujet. Deux spécialistes des mathématiques et un médiateur avec par ordre d’entrée en scène : Maryvonne Spiesser, professeure d’histoire des mathématiques, vice présidente de Fermat Science, co-fondatrice de l’association et cheville ouvrière du futur musée Fermat. Gautier Dietrich, vice-président de Fermat Science. Agrégé de mathématique et titulaire d’un doctorat en géométrie différentielle, enseignant au lycée Bellevue à Toulouse, il apporte ses connaissances et sa rigueur dans l’élaboration des ateliers, des mallettes pédagogiques. Thomas Ricaud enfin, coordonnateur de projet, impliqué dans la création d’expositions et des différents outils créés par l’association pour permettre aux maximum de gens de découvrir les maths autrement.

 
De la frise chronologique à l’interprétation synoptique de l’histoire des maths

Persuadé qu’ils étaient devant une entreprise impossible car tout choix est forcément difficile, les membres de la petite équipe sont partis de la frise existante et, au gré de multiples échanges, cette frise s’est transformée en une présentation graphique permettant de saisir d’un simple coup d’œil un ensemble d’informations liées à l’histoire des mathématiques et notamment de présenter le développement des notions mathématiques sous le prisme de ses contributeurs et contributrices les plus illustres et de l’une de leurs recherches les plus connues. Par exemple, pour le XVIIe siècle, pour Fermat le fameux théorème, pour Descartes abscisses et ordonnées sans compter le fameux Mersenne. Et sans oublier que les mathématiques sont une création collective, voire sociétale.

Le public visé

Cet outil étant destiné à la boutique du Musée Fermat, c'est a priori le grand public qui est visé. En pratique, ce sont plus particulièrement les enseignants, et plus précisément ceux du secondaire, qui sont susceptibles de se le procurer pour décorer les salles de classe mais aussi pour pouvoir utiliser cette frise lorsque des noms de mathématiciens apparaissent dans leurs cours ou qu'ils introduisent des activités "historiques". Il peut également leur permettre de faire le lien, dans une perspective pluridisciplinaire avec l'histoire générale et avec celle des techniques.
L’ équipe des concepteurs a ressenti la nécessité d'augmenter le nombre de noms cités, notamment au XXe siècle, de rajouter des mathématiciennes, et d’incorporer dans cette nouvelle version des notions mathématiques elles-mêmes.

Pour ne pas nuire à la clarté du document, il a paru important de supprimer tous les repères historiques tels que pyramides, développement agricole, ou révolution industrielle…, qui étaient mentionnés dans la frise initiale. Un sacrifice qui a permis, en revanche, d’augmenter le nombre de notions mathématiques présentées (formule de Héron, binôme de Newton, cercle d'Euler, bouteille de Klein...) tout en privilégiant les découvertes les plus célèbres et/ou les plus visuelles.

Des choix compliqués

L’idée était claire mais la réalisation s’est avérée compliquée.
Laissons la parole à l’équipe en charge du projet qui s’est attachée à expliciter les critères choisis.

Depuis le XVIIIe et surtout le XIXe siècle, le nombre de mathématiciens et de mathématiciennes a explosé et la sélection devient une épreuve de plus en plus difficile, voire impossible. Aussi avons-nous privilégié :
- les noms rencontrés dans les parcours mathématiques du collège et du lycée.
- Les contributeurs et contributrices les plus illustres ou les plus connus du grand public
- La présence de savants et de chercheurs de toutes origines géographique
- La présence de mathématiciennes, qui bien souvent sont demeurées dans l’ombre

Concernant la période récente (XXe-XXIe siècles), il a fallu tailler dans le vif du très grand nombre de noms possibles. Nous avons délibérément limité la frise du temps aux personnes nées dans les années 30 et décédées avant 2024. La seule exception est Maryam Mirzakhani, née en1977, une femme aujourd’hui décédée et excellente mathématicienne récompensée par la médaille Fields.

 
 

 

Un outil pour la classe

Les collégiens pourront retrouver des savants grecs comme Pythagore ou Thalès, des auteurs indiens, arabes ou médiévaux (comme Fibonacci) pour illustrer la numération décimale positionnelle, l’algèbre ou des résultats de géométrie… Surtout des noms antérieurs au XVIIe siècle.

Pour le lycée, les noms sont un peu plus nombreux (Euler, Bernoulli, Pascal, Gauss...), puis dans le supérieur (Cauchy, Boole, Hilbert, Bayes...), Fermat étant à la frontière entre ces deux catégories.

 

 

 

Nous avons également mentionné les célébrités, pas forcément vues en classe mais connues grâce à des livres ou des films notamment (Hypatie, Galois, Ramanujan, Turing, Grothendieck...),

sans oublier les mathématiciennes, moins nombreuses mais bien présentes (Germain, Kovalevskaya, Noether, Mirzakhani...).

 
En conclusion

Ces choix ont été difficiles à faire. La liste des noms présentée est nécessairement incomplète, discutable. Il a fallu établir des règles même si selon la formation ou la sensibilité mathématique de chacun, les attentes sont en effet différentes.

 

Il reste que, telle qu’elle se présente, la frise pour la nommer simplement se veut un bel outil destiné à renseigner les esprits curieux mais aussi à induire un véritable plaisir car tous les efforts de la petite équipe ont concouru à en faire un bel objet de nature à donner envie d’en savoir plus et, éventuellement, de faire le lien avec d’autres outils proposés par Fermat Science tels que, par exemple, l’exposition Voyage mathématique ou la mallette pédagogique Festimaths qui traitent également de l’histoire des maths en usant de media différents.

Pour tous renseignments : contact-fermatscience.com

www.museefermat.com

www.voyage-mathematique.com