« L’embryologie, c’est magique ! » Julie Batut, chargée de recherche CNRS au Centre de biologie du développement de Toulouse

Publié par Echosciences Occitanie, le 5 septembre 2017   3.8k

Portrait réalisé dans le cadre du cycle des "cafés du quai" des Savoirs coordonnés par l’Université Fédérale, le CNRS Midi-Pyrénées et l’association Femmes & Sciences, groupe Toulouse qui propose un cycle dédié aux femmes en sciences. 

(Image en-tête : Conception & graphisme ©Julie SISTENICH // Textes / Photographies : ©Fleur Olagnier & CNRS Midi-Pyrénées)


Dans une pièce aux allures d’animalerie, entourée de dizaines de petits aquariums remplis de poissons zèbres, la chercheuse a les yeux qui pétillent : « Savez-vous qu’une même cellule peut devenir soit un neurone, soit une cellule de l’épiderme en fonction de sa position dans l’embryon ? Ce qui me captive, c’est de comprendre comment la cellule va choisir d’exprimer tel ou tel gène et ainsi acquérir telle ou telle fonction », s’émerveille Julie Batut, chargée de recherche au CNRS.

Néanmoins, cet enthousiasme n’a pas toujours été une évidence. Hyperactive et vive d’esprit, au lycée, elle est bonne en tout. Toulousaine pure souche et très attachée à sa famille, elle privilégie ses attaches à une carrière littéraire à Paris, puis, inspirée par une mère urgentiste, pense à la médecine. Mais finalement, c’est son professeur de sciences de la vie qui allume en elle la flamme de l’embryologie : « Il m’a transmis sa fascination pour la biologie du développement et je l’en remercie. Aujourd’hui encore, j’ai la chance de travailler avec des gens formidables. Mon mari entre autres », glisse la biologiste.

Depuis qu’ils se sont rencontrés en master, Julie Batut et son mari s’échangent conseils et soutien. Ils ont même synchronisé leurs post-doctorats en Angleterre au London Research Institute. C’est aussi là que la scientifique a rencontré Caroline Hill. Une main de fer dans un gant de velours, elle visait l’égalité parfaite dans son laboratoire. « C’est elle qui m’a sensibilisée pour la première fois à l’importance de la parité. Dans mon jury de thèse, il n’y avait qu’une seule femme sur six personnes et ça ne m’avait même pas choquée » s’excuse presque la scientifique.

Membre de l’association Femmes & Sciences depuis trois ans, elle se bat pour promouvoir la biologie chez auprès des lycéennes et faciliter la vie des chercheuses. « Beaucoup de jeunes femmes arrêtent après la thèse. C’est bien dommage. À 28 ans, laquelle ne s’est pas déjà entendue dire : et les enfants, c’est pour quand ? » Se lamente-t-elle.

En 2012, à 35 ans, une deuxième grossesse difficile l’emplit de doute. Doit elle monter sa propre équipe ? « Certains me disaient c’est compliqué, d’autres m’encourageaient à me lancer. J’étais perdue, j’aurais aimé avoir une référence qui me conseille », déplore Julie Batut.

Aujourd’hui épanouie dans son équipe au Centre de biologie du développement(1), elle se passionne pour le processus de formation des neurones olfactifs chez le poisson zèbre, et œuvre pour instaurer un système de parrainage afin d’aider les jeunes chercheuses (et chercheurs !) à orienter leur carrière dans les moments charnières. « J’essaye de leur dire que tout est possible et de maintenir les portes ouvertes pour tous. »

Le cycle des "cafés du quai" des Savoirs coordonnés par l’Université Fédérale, le CNRS Midi-Pyrénées et l’association Femmes & Sciences, groupe Toulouse propose un cycle dédié aux femmes en sciences. Des témoignages de scientifiques, chercheuses ou ingénieures, permettent au public de comprendre le parcours, le métier et les recherches des intervenantes mais aussi d’échanger avec elles dans un climat convivial et décontracté.


Tutelles du laboratoire :

(1)Laboratoire mixte CNRS/Université Toulouse III - Paul Sabatier

Image :

Conception & graphisme ©Julie SISTENICH

Textes / Photographies :  

©Fleur Olagnier & CNRS Midi-Pyrénées

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